La petite histoire dit que la première représentation de Shetani, par Alves Linkanko surnommé Samaki, vers 1950, est due à un accident. Tandis qu'il apportait une figure classique à Mohamed Peeras, le marchand indien qui commercialisait les sculptures des Makondé, un bras au moins, davantage dans certains récits, s'est cassé. La nuit suivante, l'artiste aurait rêvé de son père défunt qui lui aurait suggéré de couper ce qui restait du bras, d'enlever les yeux et d'appeler son oeuvre shetani. Les Makondé ne connaissant pas le concept d'inspiration, parlent de rêve. Toujours est-il que Peeras la vendit immédiatement et encouragea Samaki à en faire d'autres. De nombreux sculpteurs s'engagèrent alors dans cette voie fertile.
Les Makondé vivent dans un monde rempli d'esprits, de fantômes et de démons. Tout ce qui leur arrive est expliqué par le mécontentement des ancêtres ou l'action des démons. Quand ils sont entrés en contact avec des musulmans et des chrétiens, ils ont trouvé les esprits sataniques: Satan, shetani, jini auxquels se sont ajoutés ceux de la culture bantou des tribus Zaramo, Kwere, Luguru.
Un shetani présente une distorsion des traits essentiels des humains ou des animaux. Il peut avoir plusieurs corps, plusieurs têtes, plusieurs yeux, des mâchoires, des bras comme des lianes qui s'entrecroisent et de grandes oreilles. Ou au, contraire, comme le redoutable Nandeenga, une jambe, un oeil, un bras, une oreille.Toute liberté est prise avec l'anatomie. Certains sont des parasites qui vivent sur un animal, d'autres vivent en famille et ont des activités semblables à celles des humains. Souvent l'imagination du sculpteur se structure à partir du morceau de bois, de sa forme, de ses branches. Les sculpteurs disent que la pièce est préfigurée à l'intérieur du morceau de bois et qu'il s'agit de la faire advenir.
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